Je vous aime
Fonder une famille, chérir son épouse et ses enfants, les prendre jour et nuit dans ses bras, leur dire je t’aime, je vous aime, vous êtes tout pour moi, sans vous je n’existe pas, voilà l’unique but d’une vie.
Ouah! Je ne sais pas si c’est l’unique but d’une vie, mais dans tous les cas, cette déclaration me transporte. Elle est de Henri-Frédéric Amiel, philosophe du 19ème siècle. Et Henri-Frédéric ne s’est pas seulement tenu à écrire cette phrase d’amour, il en a couché 16.847 pages. Oui, près de dix-sept mille.
Peut-être que la mort de sa mère, alors qu’il n’était âgé que de onze ans et le suicide de son père, deux ans plus tard, l’ont amené à relativiser tout autre chose que l’amour au sein d’une famille. Et d’avoir, comme il a su le mettre en mot, une critique de soi au service de l’amour des autres. Un amour sincère dans ses origines dédié dans sa totalité à l’amour inconditionnel.
Mais il ne fut pas le seul.
Quand William Darcy s’exprime à Elizabeth Bennet, il le fait en ses termes: « C'est pour vous, et uniquement pour vous que je l'ai fait. Vous êtes trop généreuse pour vous jouer de mes sentiments. L'entretien que vous avez eu avec ma tante hier soir m'a donné des raisons d'espérer que j'osais à peine entrevoir. Si vous avez gardé les mêmes sentiments qu'auparavant dites-le moi. Mon affection et mon désir sont intacts. Mais un seul mot de vous suffira à me réduire au silence. Si vos sentiments envers moi ont changé, je dois vous dire que vous avez pris possession de tout mon être, et je vous aime. Et je ne veux plus jamais être séparé de vous. »
William Darcy, personnage de fiction, est pour Jane Austen, son auteur.e, le personnage qui lui permet de mettre en scène un être pétri de qualités humaines, capable de se remettre en question et de se rendre digne d’Elizabeth Bennet qu’elle a voulu admirable et attachante.
Henri-Frédéric Amiel, Jane Austen et bien d’autres l’ont sculpté cet amour dont nous sommes les dépositaires et que nous pouvons offrir sans limite aux autres.
Alors contrairement à Groucho Marx qui disait « je vous aime. Est-ce que vous le penseriez si j’étais pauvre? Oui, mais je ne vous le dirais pas! » Moi, je vous le dis.
Qui que vous soyez, d’où que vous veniez, riche ou misérable, bien portant ou malade, je vous aime et prenez bien soin de vous