Señorita

À cet instant, en pleine pandémie, au coeur même du confinement, je suis submergé par une vague intuitive de détresse en provenance des femmes battues.

35% des femmes dans le monde sont battues, agressées par leur compagnon, une sur trois, affirme l’OMS. En France, une femme y meurt tous les trois jours sous les coups de son compagnon, déclare Marlène Schiappa, Secrétaire d’État. À Abidjan, 70% des femmes sont victimes de violences conjugales d’une manière ou d’une autre, selon CPDEFM, ONG de défense de leurs droits.

Rien n’a plus vraiment le même goût, chantait Christophe dans Señorita. Rien ne va plus, à la lecture de ces froides statistiques.

Mais alors qu’en est-il à l’heure du confinement? Oui, qu’en est-il, alors que les femmes représentent le plus gros bataillons des soignants. En Chine, ce sont 90% des soignants qui sont des femmes. En France, elles sont 78% infirmières et aides-soignantes. Dans le monde, sur 104 pays analysés par l’OMS, elles sont 70%.

Je sens qu’il est bien tard déjà, poursuivait Christophe, toujours dans Señorita. Qu’il est bien tard, que je reprends pour se poser toutes ces questions à propos des femmes, tant elles ont dû subir jusqu’à ce jour sans que nous nous levions pour nous y opposer. Mais je ne peux m’empêcher de vous livrer encore des chiffres à faire froid dans le dos.

Selon l’Organisation Internationale du Travail, l’OIT, les femmes effectuent 76,2% du nombre total d’heures de travail de soins non rémunérées, à l’échelle mondiale. Oui, non rémunérées.

James Dean n’est plus un géant, continuait Christophe avec Señorita. Que je reprends à mon compte, mais au niveau des hommes, car il serait temps de partager la place avec les femmes.

Sachez que ne sont que 20% des entreprises dans le monde qui ont une femme à leur tête. Qu’il y a quelques jours encore, il y avait une seule femme à la tête des entreprises du CAC40 en France. Ils n’en ont plus, ils l’ont virée. Mais encore qu’elles gagnent 20% de moins que les hommes pour les mêmes bagages universitaires, les mêmes expériences et les mêmes fonctions.

J’espère que tu ne m’en veux pas, mais les fins comme au cinéma, tu sais, ça n’existe pas, chantait encore Christophe, toujours avec Señorita. J’espère que vous ne nous en voudrez pas; car on vous jure une chose, à la sortie de cette pandémie, avec la construction d’un nouveau monde, votre sort n’est pas une raison, mais « la » raison pour le construire.

En attendant, prenez bien soin de vous