Silence

Silence, ni celui que l’on demande sur les plateaux de télévision ou de cinéma quand le réalisateur a dit moteur et qu’il faut surtout se taire sous peine de se voir insulté ou viré, ni celui des agneaux dans le thriller policier américain de Jonathan Demme avec la sublime Jodie Foster et l’impressionnant Anthony Hopkins. Non, je parle du silence du confinement qui angoisse les enfants et perturbent les parents.

C’est fatigant de se reposer. En effet, sortir n’est pas fatigant psychiquement, alors que le confinement lui, il nous fatigue. Le confinement est une agression; il n’est pas dans notre nature.

De tous temps, l’Homme, tel que nous le connaissons ou son ancêtre a voyagé. Il y a 34 millions d’années, nos ancêtres traversaient l’atlantique, enfin tel que l’océan était à l’époque, vraisemblablement contre leur gré, pour se retrouver dans de nouvelles contrées.

Oui, dans le silence inhabituel du confinement, l’on peut entendre beaucoup mieux l’activité de tout ce qui vit ou s’agite autour de nous; et je ne m’arrête pas seulement sur le chant des oiseaux, mais aussi sur le bas bruit de l’activité sismique qui, d’habitude, passe inaperçue; ou encore sur le bruit ancestral des cloches.

Mais, dans le silence inhabituel du confinement, Esther 13 ans a été violée par une bande de cinq garçons. Ses parents l'ont emmenée à l'hôpital et ont porté plainte. L'un des suspects a été arrêté. Mais à cause de la pandémie de Covid-19, les procédures judiciaires sont suspendues et le violeur présumé a été relâché.

Et encore, dans le silence inhabituel du confinement, c’est l’ennui qui s’installe. Cet ennui qui nous assiège, nous habite et chasse toute autre sensation. Cet ennui qui nous entraine à coller notre nez à la fenêtre sans pouvoir sortir.

Ce silence de pierre nous pousse vers des fonds, parfois des abîmes de notre personnalité. Fonds et abîmes que nous pouvons avoir du mal à regarder en face. Et si pour quelques-uns, confinement a pris des allures de vacances inattendues, pour le plus grand nombre c’est un choc.

À défaut de charge virale, ce qui n’est pas plus mal, c’est une charge mentale qui guette certains. Charge mentale qui par toutes ses questions traduit la diversité de nos situations.

Ce n’est, d’ailleurs, pas pour rien qu’en Chine, déconfinement rime avec divorce. Alors? Acceptez que cette période soit une pause; lâchez-prise et laissez-vous aller à reconsidérer votre vie et à formuler de nouveaux projets.

Aux armes créateur.rice.s de tout poil et prenez bien soin de vous 

Jean Misme