HUM!

On emploi ce mot invariable « Hum » suivi d’un point d’exclamation pour attirer l’attention. C’est bien mon cas. Mais aussi pour signaler sa présence, en l’occurrence la mienne, sur les réseaux, c’est aussi mon cas. Vous pourrez, d’ailleurs, l’utiliser à votre tour pour marquer votre distance par rapport à mes propos ou que vous ne partagez pas ce qui va suivre.

Je vais commencer par vous raconter une histoire. Celle-ci se déroule dans la forêt du Banco. Pour ceux qui ne sont pas de la Côte d’Ivoire, la forêt du Banco est même reconnue comme un parc national en plein coeur de la capitale économique. Oui, capitale économique, car nous sommes un pays avec deux capitales. L’une, Yamoussoukro, sa capitale officielle et l’autre, pleine de vie et d’affaires, Abidjan. Bon, laissons cela pour un autre article et revenons à la forêt du Banco. Parmi les quelques animaux qui y vivent il y a des Bycanistes cylindricus, pour ceux qui n’ont jamais entendu parler par qui que ce soit de ces oiseaux, sachez que ce sont des Calao à joues brunes. De merveilleux Calao au bec incurvé vers le bas qui lui serve de caisse de résonance quand il veut déclarer sa flamme à sa compagne du moment. Eh bien justement, un magnifique Calao disposant d’un gros casque, comme on appelle son bec, avait après de nombreux ébats enceinté sa femelle. Le petit, fruit de cet amour, était le trésor du couple, d’autant que sur les quatre oeufs qu’elle pondit, un seul vint à éclosion. Elle s’affaira aussitôt pour murer le nid et empêcher singes et serpents qui se baladent dans toute la forêt de prendre sans vergogne le petit et d’en faire leur repas. Mais un jour, où elle était partie chercher un peu de nourriture, le jeune Calao, épris d’aventure et goûtant peu l’enfermement, se pencha au bord du nid et dégringola de celui-ci. La chute fut longue et terrible. Il se cogna de branche en branche, s’arracha au passage quelques plumes; déjà qu’il n’en avait pas beaucoup. Et finit par se retrouver par terre, sonné, abasourdi. Par des cris plus cacophoniques que désespérés, il tentait d’appeler sa mère quand un brave curé de l’archidiocèse passa par là. Aux cris incongrus, il s’arrêta dans ses prières, aperçut l’oisillon, s’approcha, le prit dans ses mains, tenta de le rassurer tout en cherchant un lieu où le déposer. C’est en apercevant une belle et grosse et bouse que lui vint l’idée de coller l’oiseau à l’intérieur et de remonter celle-ci au plus près de sa tête pour le réchauffer. D’ailleurs, le Calao ne se fit pas prier pour se mettre à chanter, amenant notre curé à reprendre ses prières et continuer sa route. Quelques instants après, les chants du malheureux attirèrent l’attention d’un serpent qui depuis trop longtemps se cherchait à manger. Parvenu aux abords de la bouse, ni l’odeur, ni la joie de l’oisillon ne le retint, il l’avala d’un coup.

Il y a une morale à mon article, sachez que quelqu’un qui vous met dans les difficultés ne vous veut pas forcément de problème. Et quelqu’un qui vous en sort, ne vous veut pas automatiquement du bien. Alors?

Prenez bien soin de vous 

Jean Misme