Déconfinez

J’ai cru entendre ce mot ordre. Mais c’était en rêve. N’empêche que le jour où ça va arriver on va balancer entre plaisir et peur.

Plaisir d’aller presque où bon nous semble, de revoir qui on veut, de s’embrasser. Quoique, j’ai un peu l’impression qu’ils, les gouvernements, vont mettre un parcours fléché et ne pas nous autoriser tout d’un coup. Déconfinement ne voulant pas dire, on remet la lumière et on repart comme avant.

Peur, parce que on ne pourra pas se retenir d’avoir une boule au ventre. Le virus, cet ennemi invisible, est-il encore là. Et puis, on nous en a tant dit sur les malades asymptomatiques, mon interlocuteur n’en serait-il pas un.

Alors même s’il n’y a pour l’instant que 1.160 décès en Afrique, pour 171.810 dans le monde, ce seront toujours 1.160 morts de trop.

Mais, cela ne retient pas Nana Akufo-Addo, Président du Ghana, de lever le confinement. Disposant d’une importante capacité de dépistage, d’un système de traçabilité des personnes en contact avec les malades et l’ouverture de 40 centres sur tout le territoire pour tester la population, il considère pouvoir aller de l’avant. D’autant que la mesure de confinement a déjà eu de trop graves conséquences pour les plus pauvres.

Les plus pauvres justement qui sont une raison de la levée progressive du confinement en Tunisie. Pour relancer les secteurs économiques cruciaux et permettre aux travailleurs de l’informel de retrouver un espace de travail, Elyes Fakhfakh, Chef du gouvernement tunisien, en a fait l’annonce dimanche 19 avril.

Ces deux pays sont précurseurs, ils seront bientôt suivis par d’autres. Car, après cette crise sanitaire, il va falloir retrousser les manches pour s’occuper de la crise économique.

Voyez un peu. Depuis février 2020, 90 milliards de dollars ont quitté les pays en développement, nous annonce Thomas Mélonio Directeur exécutif à l’AFD, Agence Française de Développement. 90 milliards de dollars, c’est-à-dire cinq fois plus qu’en 2008. Les ras quittent le navire. Ajoutait à cela 10% du PIB marocain qui s’évanouissent à travers la mise en bière du tourisme. N’oubliait pas la division par deux du prix du baril de pétrole, ce qui va forcément pénaliser Angola, Nigeria, Gabon et d’autres.

Alors si une crise renforce vraiment les forts et affaiblit les faibles, la situation géopolitique de l’Afrique ne sera pas la même avant Covid19 qu’après.

La Terre a connu cinq grands changements climatiques et catastrophes naturelles au cours desquels la plupart des animaux et plantes ont brusquement disparu.

On a encore le temps, avant la sixième, de reconstruire un monde, un nouveau monde où le partage sera le mot d’ordre entre chacun d’entre nous.

Prenez bien soin de vous 

Jean Misme