Déchirement

Qu’est-ce qu’un détroit?

C’est un espace de mer étroit entre deux terres qui met en communication deux étendues marines.

Qu’est-ce que l’amour?

C’est un espace de sentiments étroit entre deux êtres qui met en communication deux horizons.

Alors, je vous laisse imaginer la tristesse, que dis-je l’éplorement, pour ne pas dire la sombreur dans laquelle peuvent tomber tous ceux qui perdent un être cher à l’heure de la pandémie au Covid19. Et ce ne sont pas moins de 171.810 personnes décédées. Une cohorte de noirceur.

Parmi ces dizaines de milliers de désespérés, j’ai retenu la lettre d’un fils à sa mère:

« Ta fin de vie fut difficilement supportable, car il m’a été interdit de venir te voir durant les cinq semaines qui ont précédé ton décès. Comment psychiquement tu auras vécu cette longue période, seule? Quelle compréhension as-tu eue de ce qui se passait dans le pays, autour de toi ? Et ces derniers jours, infectée par le virus, quelles ont été tes difficultés respiratoires ? Je n’aurai jamais ces éléments de réponses que j’allais chercher dans tes yeux, si bleus. »

Ce fils, c’est Olivier; cette mère, c’est Liliane Marchais, la femme devenue ô combien célèbre par les propos de son mari, Georges Marchais, Secrétaire Général du Parti communiste français « Fais les valises Liliane, on rentre à Paris ».

Ces douleurs sont aussi celles de toute la famille et des fans de Papa manu, Manu Dibango, lui aussi mort du Covid19. Celles aussi de Dj Rodrigue qui y a perdu son frère, Boni François. Mais aussi celles de la famille d’Allah Thérèse qui n’avait pas son pareil pour chanter le drame des femmes qui n’ont pas fait d’enfants. Et encore celles des 171.810 familles endeuillées sans pouvoir rendre un hommage à la hauteur de l’amour qu’ils partageaient.

C’est pourquoi, je veux vous offrir ces quelques mots de Barbara, tirés de sa chanson « attendez que ma joie revienne », pour vous dire combien nous sommes à vos côtés.

Laissez-moi. Le chagrin m’emporte. Et je vogue sur mon délire. Laissez-moi. Ouvrez cette porte. Laissez-moi. Je vais revenir. J'attendrai que ma joie revienne et que soit mort le souvenir de cet amour de tant de peine pour lequel j'ai voulu mourir. J'attendrai que ma joie revienne, qu'au matin je puisse sourire, que le vent ait séché ma peine et la nuit calmé mon délire.

Prenez bien soin de vous 

Jean Misme