Le poids de la dette

Cette pandémie du Covid19, si elle stresse les chefs d’entreprise face à l’organisation du travail qu’ils doivent mettre en place, à la gestion d’une trésorerie rangée de plus en plus aux abonnés absents, au maintien de leur relation avec leurs fournisseurs afin de ne surtout pas tomber en rupture, au service approprié, durant cette période, qu’ils doivent à leurs clients; c’est surtout le poids de leurs emprunts auprès des banques qui leur met la tête à l’envers.

On le dit et on le répète, cette crise en Afrique subsaharienne sera économique et financière avant tout.

C’est pourquoi, les dirigeants de la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest, BCEAO, ont pris des initiatives pour alléger le poids de la dette bancaire des entreprises.

Du coup, ce fut un raz de marée téléphonique, confinement oblige, auprès des banques. Qui pour un report, qui pour des explications, qui pour une injection d’accepter, les banquiers se sentant, de plus en plus, mis devant le fait accompli.

En effet, de nombreuses questions sont apparues au fil des entretiens et de l’étude des directives de la banque centrale.

Tout d’abord, relativement au report des échéances, il est question d’attendre la fin de la pandémie et de reprendre les remboursements en les cumulant ou en prolongeant la maturité complète des crédits? Ce n’est pas du tout la même chose.

Et quant aux intérêts qui auraient dû être réglés durant cette période, ils seront répartis ou purement et simplement annulés?

D’autres incertitudes n’ont pas manqué d’apparaître. Car bon nombre d’entreprises sont unipersonnelles et installent des confusions entre individus et sociétés. Or, la directive ne traite que des entreprises. Dans ce vide d’information, certains y sont allés carrément de propositions encore plus boulimiques en exigeant les mêmes facilités pour les particuliers.

À bien y réfléchir, qu’a fait la banque centrale?

Ne serait-ce pas en manquant volontairement d’information dans ses mesures, d’instaurer un dialogue au moment où il est urgent de se parler pour préparer un monde de demain avec le moins de casses possibles.

Il est certain que si arbitrages doivent arriver, le banque centrale ne manquera pas de préciser où les choses commencent et où elles s’arrêtent. Mais elle a voulu donner du temps au temps.

Prenez bien soin de vous 

Jean Misme