Les intellectuels et nous

Dans un précédent article - dépense ou investissement-, j’étais parti à la rencontre des spécialistes de gestion de crises pour savoir quelles étaient leurs recommandations. Et voici qu’aujourd’hui, des intellectuels du continent font entendre leur voix.

Inutile de vous dire que j’ai attrapé, sans coup férir, tout mon matériel de baby-reporter pour les entendre.

Leur première remarque est que « nous n’avons pas voulu voir » ce qui pourrait se passer, ce qui aurait pu se passer, tant nous étions focalisés sur nos petites envies, sur nos incroyables désirs, sur nos, parfois, puérils appétits. Et pour mieux appuyer là où ça peut faire mal, ils définissent le « nous » comme les classes moyennes et aisées vivant dans les grandes mégalopoles africaines.

Aïe! Mais peut-être pas faux. J’ai déjà entendu ça.

Leur deuxième remarque est que cette pandémie du COVID-19 pourrait bel et bien démolir, pas moins que ça, les administrations africaines dont les défaillances profondes ont trop longtemps été ignorées par nous-mêmes; « nous-mêmes », reprenez-en une couche, c’est-à-dire toujours les classes moyennes et aisées.

Ne voulant pas en rester là, j’ai repris mes recherches, lu tout ce qui existait en la matière et il est vrai que pendant des décennies, il semble y avoir eu, pour rester mesuré, sous-investissement dans les secteurs de la santé publique, comme dans ceux et de la recherche fondamentale; il y a eu tout autant une insécurité alimentaire, décriée certes mais acceptée; est-il utile de souligner que nous nous sommes accommodés, aussi, d’un gaspillage des finances publiques,…, bon, je vais, peut-être, arrêter l’expiation, pour l’instant.

Quoique, en continuant mes recherches, je ne peux garder par devers moi que d’aucuns avaient critiqué, aussi, la priorisation d'infrastructures routières, énergétiques et aéroportuaires aux dépens du bien-être humain.

Enfin et ce n’est surtout pas la moindre des remarques, « ils accusent », reprenant ainsi le titre d’un article d’un autre intellectuel sous d’autres cieux au début du vingtième siècle, Zola pour ne pas le nommer, les dirigeants africains d’appliquer sans réflexion, ni souci contextuel, à leurs populations, le confinement adopté par les européens.

Confinement, s’il sied à « nous », pour rappel toujours les classes aisées à l'abri de la promiscuité et ayant la possibilité de travailler à domicile, est totalement punitif pour ceux, travaillant dans l’informel, qui partent le matin chercher l’argent du soir.

Finalement, cette crise se révèlera sans doute pleines d’opportunités pour construire après un monde plus respectueux des valeurs humaines qu’est au premier rang, le partage.

Prenez bien soin de vous 

Jean Misme