26 Millions

Photo by Ashkan Forouzani

Photo by Ashkan Forouzani

Avant il y avait 26 millions de sélectionneurs d’équipe de football national; chacun avait son idée, son mot à dire, son argument, sûr de lui; mais aussi 26 millions d’arbitres de match de foot qui savaient mieux que tout le monde s’il y avait faute ou non. D’ailleurs, il parait que covid19 est une invention féminine, car pendant ce temps-là, ouf, il n’y a plus de match de football à la télévision. Non je rigole, pardon mesdames.

Avec la pandémie, il y a maintenant 26 millions de médecins. Chacun à sa conviction. Vous en voulez une preuve? Chacun à son idée sur l’hydroxychloroquine.

Chacun sait comment il faut la prescrire, quand, à qui et quels en sont les bénéfices.

D’où nous vient, cette subite connaissance médicale?

De la peur.

Remontons le temps: une épidémie que l’on ne connait pas; avec un nom bizarre; en provenance de Chine où il se passe des choses incompréhensibles; les chaines d’infos se branchent sur la mort; il n’y a plus que ça; match de foot suspendu; et le reste avec; les populations sont confinés; les avions ne décollent plus; on égrène le nombre de morts; un mec quelque part dit avoir le traitement qu’il faut. Résultat? Déchainement des passions.

Je vous le fais autrement. Vous êtes fumeur; votre paquet de cigarettes est terminé; il n’y a plus rien dans vos tiroirs; même pas un vieux mégot pourri dans un cendrier; la nuit est tombée depuis belle lurette; rien à la télé, comme d’hab; vous avez vidé votre réserve de coca; il ne reste plus beaucoup d’ongles sur vos dix doigts; une personne à côté de vous a une idée « le nigérian de la rue de la Canebière, il ne vend pas des cigarettes, par hasard? » Par hasard ou pas, il ne vous en faut pas plus pour sauter dans votre voiture, même un soir de couvre-feu.

Pour l’hydroxychloroquine, il a suffit qu’un professeur de renom, car Raoult n’est pas le dernier venu en matière d’infectiologie, pour diviser les populations entre les pour, sans opposition, et les il faut vérifier.

Il en est de même dans la vie entre ceux qui sautent sans réfléchir sur tout ce qui bouge, et je ne parle pas en l’occurrence des hommes-lapin, quoique; et ceux qui ne feront un pas que lorsque la majorité de la population en aura déjà fait un et deviendront alors les champions du on-ne-m’a-rien-dit.

Y a-t-il une troisième voie?

Oui; celle de peser le pour et le contre; de vérifier les tenants et les aboutissants; d’éviter le panurgisme; et pour une fois, contrairement à des millions d’années d’évolution humaine, de favoriser l’anticonformisme.

Vous aviez l’habitude de regarder le même feuilleton que vos ami.e.s? De lire les mêmes bouquins? De boire les mêmes choses? De fréquenter les mêmes lieux?

Changez! Optez pour la découverte! Offrez-vous du nouveau! Vous m’en donnerez des nouvelles.

Et en attendant, prenez bien soin de vous 

Jean Misme

 
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